Exposition mettant en lumière les pratiques de photographie contemporaine au Liban.
Sélection d’une dizaine de photographes et vidéastes libanais.

L’exposition « Aux bords des mondes vivent nos vertiges » réunit une sélection de photographes et de vidéastes libanais, dignes représentants de la vivacité du renouveau des écritures photographiques contemporaines de leur pays. Son parcours invite à une lecture sensible qui tente de saisir les problématiques et les enjeux de la représentation dans un contexte de catastrophes et d’effondrement. En filigrane et de manière nécessairement fragmentaire, se dévoilent des questionnements politiques et poétiques où les expériences vécues, les sursauts du réel, les rivages de la fiction cultivent l’élan critique et créateur. Ici s’ouvre et s’éprouve une brèche d’idées résonnantes. Une brèche comme une percée, où se vivent des vertiges, ceux-là qui puisent dans ce qui ne peut être détruit.

Aux bords des mondes, seraient ces milieux de l’entre-deux, des interstices spatio-temporels qui tracent des limites avant la chute ou l’ascension. Entre le réel et l’imaginaire, ils nous situent dans un état de seuil ou de passage en présence de ce qui a été et de ce qui peut être.
Au Liban, l’on dit que la fin du monde a déjà eu lieu. Pour nombre d’observateurs, ce pays de légendes et de mythes, fait de multiples paradoxes entre richesse et pauvreté, douceur et cruauté, vérités et absurdités, est cette figure abîmée qui incarnerait aujourd’hui un échantillon à ciel ouvert sur ce que nous appelons l’effondrement, celui d’un ordre mondial.
Les spectres toujours éveillés d’une guerre civile longue de dix-sept années, la chute totale et sans précédent d’une société, ses crises politiques, économiques, environnementales, ses drames sociaux et ses pénuries sont le quotidien des libanais. Il y a là, tous les jours, un bord du monde qui touche aux extrêmes.
Esseulés au même titre que la population, rongés entre partir ou rester, les artistes, les intellectuels continuent pourtant à dire et à créer. Malgré l’infinie complexité du quotidien, ils interrogent, retranscrivent et par-dessus tout revendiquent une résistance : celle de l’imagination et de la création.

Exposition du mardi 12 juillet au dimanche 6 novembre 2022
Logis abbatial de l’Abbaye de Jumièges